Poppers - Synthèse des connaissances

Les poppers désignent des préparations liquides volatiles ayant pour principe actif des nitrites d’alkyle. Initialement utilisés en médecine pour le traitement de certaines maladies cardiaques, les poppers sont consommés dans un cadre récréatif en raison de leur effet euphorisant qui s’accompagne d’une accélération du rythme cardiaque et d’une sensation d’ébriété.

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Fioles de poppers

Présentation

Les poppers sont des préparations liquides volatiles contenant des nitrites d'alkyle aliphatiques ou cycliques (amyle, butyle, propyle, pentyle, cyclohexyle), conditionnées dans de petits flacons de 10 à 15 ml (souvent colorés) que les usagers portent à leur nez pour en inhaler les vapeurs. D'abord à usage médical pour certaines affections cardiaques, les ampoules contenant ces nitrites produisaient à l'ouverture un bruit ("pop") qui a donné le nom au produit.

Les poppers sont consommés dans un cadre récréatif en raison de leur bref effet euphorisant (moins de deux minutes) qui s’accompagne d’une accélération du rythme cardiaque et d’une sensation d’ébriété. Les poppers sont également consommés pour leurs propriétés vasodilatatrices qui favoriseraient l’activité sexuelle (amplification des sensations orgasmiques, facilitation des rapports anaux, etc.). Le flacon peut également être laissé ouvert dans un endroit clos afin que le produit volatil s’échappe du contenant.

Production/offre

Pendant longtemps, la vente de poppers a été limitée aux sex-shops, à l’image d’un usage très circonscrit dans certaines populations (en l’occurrence, la communauté homosexuelle), il s’est progressivement étendu à d’autres espaces sociaux, en particulier les espaces festifs. Le dispositif Tendances récentes et nouvelles drogues (TREND) de l’OFDT, qui fournit des observations localisées sur les dynamiques de marché et les tendances de consommation, rapporte ainsi une accessibilité accrue des poppers dans les milieux festifs depuis le milieu des années 2010. Ce surcroît de visibilité des poppers dans les établissements festifs commerciaux (clubs et boîtes de nuit) s’est accompagné d’une banalisation du produit, notamment auprès des plus jeunes et des étudiants.

En France, les poppers ont été retirés de la vente en 1990, avant d’être autorisés partiellement (certains types de nitrites restant interdits), puis totalement interdits en 2011 et, depuis 2013, autorisés. Aujourd’hui, ils sont vendus non seulement dans les sex-shops, saunas et sex-clubs mais également en bureau de tabac, dans certains établissements festifs et sur Internet. De nombreuses appellations commerciales existent pour désigner cette famille de produits, qui sont commercialisés sous des marques très variées.

Consommation en population adolescente

Parmi les lycéens

En 2022, les lycéens sont 8,1 % à avoir déjà consommé des poppers, sans différence notable entre filles et garçons. Les années lycée apparaissent comme une période de diffusion importante des poppers, la part des adolescents qui l’ont expérimenté passant de 5,6 % parmi les élèves de 2nde à 12,3 % parmi les élèves de terminale.

À 17 ans

Chez les jeunes de 17 ans, en 2022, l'expérimentation s’établit à 11,0 %. Cette prévalence a fortement fluctué au cours des dernières décennies : elle avait connu un pic brutal en 2008 (13,7 %) puis une forte baisse jusqu’à atteindre 5,4 % en 2014 et connaît depuis lors un rebond en lien avec une accessibilité grandissante.

Les jeunes vivant dans les régions occidentales de l’Hexagone sont les plus susceptibles d’avoir expérimenté les poppers, la Bretagne étant en tête avec une prévalence de 22,5 %. A l’opposé, cet usage est plus rare dans le nord-ouest du territoire : seuls 5,7 % des jeunes de la région Grand-Est ont expérimenté les poppers.

Consommation en population adulte

En 2017, les poppers constituent, chez les 18-64 ans, la deuxième substance illicite la plus expérimentée, derrière le cannabis, avec 8,7 % de personnes concernées. C'est dans les tranches d'âge les plus jeunes que ce produit est le plus souvent essayé. Ainsi, plus d'une personne sur sept âgée de 18 à 25 ans en a consommé au moins une fois dans sa vie (14,2 %). Les poppers sont plus souvent expérimentés par les hommes (11,7 %) que par les femmes (5,8 %). Si l'usage au cours de l'année s'avère plus faible (1,5 %), il a nettement augmenté chez les 18-25 ans en 2017 (5,5 %) après une période de stabilité entre 2010 (2,9 %) et 2014 (2,5 %).

Conséquences

La prise peut fréquemment s'accompagner de nausées, de vomissements ou de céphalées. Une intoxication aiguë peut entraîner une hypotension artérielle et des troubles cardio-vasculaires potentiellement mortels, dont le risque s'accroît lors de la prise concomitante de certains médicaments comme le Viagra®. Elle peut en outre engendrer une anémie aiguë et grave par altération des globules rouges (méthémoglobinémie) et des cas de perte prolongée de l'acuité visuelle par atteinte de la rétine ont été recensés (environ une dizaine de cas recensés par an). Les prises répétées peuvent, en particulier, être à l'origine de lésions nasales ou du visage (croûtes jaunâtres caractéristiques) ou encore de lésions hépatiques. Certains usagers ressentent une quasi-dépendance vis-à-vis du produit pour la réalisation d'actes sexuels.

Cadre légal et orientations publiques récentes

Depuis juin 2013, les poppers sont légaux en France : leur usage et leur commerce sont autorisés. Le statut légal de ces produits a cependant connu des variations depuis les années 1990. Ainsi, en 1990, certains poppers, contenant des nitrites de pentyle et de butyle ou leurs isomères, ont été interdits en France et classés comme stupéfiants (décret n° 90274 du 26 mars 1990). D’autres, n’étant pas réglementés car pas mentionnés dans le décret d’interdiction (nitrites d’amyle ou de propyle par exemple), sont alors restés disponibles à la vente dans certains établissements (sex-shops, saunas, clubs et bars gays). Pour remédier à cette situation, un décret du 20 novembre 2007 en a interdit l’usage : celui-ci abroge le décret de 1990 et élargit le cadre d'interdiction de tous les produits relevant du terme générique de « poppers », en prohibant non plus seulement la commercialisation et la distribution à titre gratuit, mais aussi la fabrication, l'importation, l'exportation, l'offre, la détention en vue de la vente ou de la distribution à titre gratuit de cette famille de produits. En 2007, le champ des substances prohibées relevant des « poppers » a donc été étendu aux nitrites d'amyle et de propyle et leurs isomères. Cependant, ce décret a été annulé par un arrêt du Conseil d’État le 15 mai 2009 – sur la requête du principal distributeur du produit en France (Men's Club), du fabricant (France Conditionnement Création) et de plusieurs associations. Cette annulation a été suivie de la prise d’un nouvel arrêté d’interdiction le 29 juin 2011, prohibant de nouveau la vente et la cession au public des poppers, à l'exception des médicaments contenant des nitrites d'alkyle aliphatiques, cycliques ou hétérocycliques et leurs isomères, en raison de leur toxicité importante et de leurs effets psychoactifs. Cependant, une nouvelle fois, le 3 juin 2013, le Conseil d'État a annulé cet arrêté du 29 juin 2011, autorisant de nouveau la vente de poppers. Autrement dit, la fabrication, la détention, la commercialisation et la distribution gratuite de poppers ont été interdites entre 2007 et 2009, puis à nouveau entre 2011 et 2013 (à l’exception des « médicaments contenant des nitrites d'alkyle aliphatiques, cycliques ou hétérocycliques et leurs isomères »). Mais, depuis juin 2013, la fabrication et la commercialisation de poppers à base de nitrites d'amyle et de propyle ne relèvent plus du régime de l'interdiction (arrêt n° 352484).