Le concept actuel d’addiction s’est construit progressivement, sous d’autres termes que le vocable « addiction » (toxicomanie, dépendance…). Au début des années 1990, la psychiatrie reprend le mot « addiction », créé dans le cadre de la psychanalyse, pour désigner ce concept.
Celui-ci établit que les troubles observés résultent d’un processus psychopathologique commun aux addictions, avec ou sans consommation de substances psychoactives (addiction sans produit ou comportementale), relativisant ainsi le rôle des produits. Contrairement à la dépendance, l’addiction est un phénomène psychopathologique durable, qui ne découle pas de l’effet physiologique (ou intoxication) des substances consommées : une même personne, peut-être, en même temps ou à des périodes différentes de sa vie, addicte à des produits ou des activités différentes.
La dépendance, encore souvent confondue avec l’addiction, se traduit par la survenue d’un syndrome de sevrage à l’arrêt, plus ou moins long, mais transitoire. Elle découle des effets physiologiques directs des substances psychoactives consommées régulièrement. Elle concerne aussi un certain nombre de médicaments pour les quel l’arrêt du traitement se fait progressivement. On peut noter que les mécanismes apparaissent plus complexes s’agissant des addictions comportementales. La dépendance est désormais considérée comme l’un des symptômes de l’addiction.
Le concept ancien de « dépendance psychique », supposé faire référence à la dimension psycho-comportementales du trouble addictif, désigne, dans les faits, les symptômes psychiques du syndrome de sevrage à l’arrêt, directement lié à l’effet physiologique du produit. La dépendance psychique
L’évolution de l’usage maitrisé d’une substance ou d’un comportement courant, qui concernent le plus grand nombre, vers les troubles addictifs sévères d’une minorité d’entre eux, est un processus graduel constitué d’un continuum de situations, plus ou moins problématiques. Certaines personnes sont plus vulnérables que les autres vis-à-vis de l’addiction, qui résulte l’interaction entre des facteurs favorisants multiples, d’ordres physiologique, psychiques et socio-environnementaux.
Les recherches en psychopathologie et en neurosciences, ont également montré l’existence de processus psychopathologiques et physiopathologiques qui conduisent à l’apparition des troubles cliniques.
L’addiction est caractérisée par le dysfonctionnement de certains processus psychiques qui sont en lien avec des modifications spécifiques, fonctionnelles et anatomiques, des circuits cérébraux. Le point central est le dérèglement du circuit de la récompense, responsable des sensations de plaisir, par la production de dopamine, en réaction à des activités, des consommations, ou encore des sensations agréables. Le fonctionnement d’autres circuits neurobiologiques, concourant à sa régulation, est également affecté, tels que ceux impliqués dans la régulation du stress, des émotions, de l’humeur, de la motivation ou contribuant à la prise de décision.
Les substances addictives peuvent agir directement sur le circuit de la récompense (système dopaminergique, dont le neurotransmetteur est la dopamine), mais peuvent avoir une action indirecte en stimulant d’autres réseaux neuronaux (système adrénergique, sérotoninergique…).
En pratique « dépendance » ou « dépendance psychique » sont encore souvent employé, à tort, comme synonymes d’addiction. Cela conduit à des confusions qui amènent à assimiler l’existence d’une dépendance à une addiction
Ni le DSM-5, ni la CIM11 n’utilisent le terme d’addiction, qu’ils jugent trop vague. Ils lui préfèrent le terme « Trouble ». Celui vient remplacer le terme « dépendance » du DSM-IV, qui n’est plus considéré comme une catégorie diagnostique, mais comme un symptôme. En revanche la CIM-11 conserve « dépendance » dans les chapitres liés à chaque produit et lui donne la définition clinique de l’addiction.
Par ailleurs, au-delà de la définition générale, il n’existe pas de consensus sur les critères cliniques précis qui définissent l’addiction, qui sont encore débattus. Parallèlement, selon la personne qui s’exprime, le mot « addiction » recouvre des situations hétérogènes, intégrant plus ou moins largement des usages moins problématiques que le trouble addictif sévère décrit ci-dessus. En outre, une part des chercheurs considèrent qu’un trouble peut être qualifié d’addiction uniquement si l’on peut prouver l’existence de ces dysfonctionnements. Enfin, le terme est fréquemment utilisé dans le langage courant, sans référence réel à son véritable sens, en particulier pour des comportements jugés problématiques.
La physiopathologie décrit l’ensemble des dysfonctionnements qui affectent un organisme ou un organe sur les plans physique (anatomique), biologique ou biochimique et qui concourent à l’apparition de troubles cliniques.
Le terme « manque » est parfois utilisé comme synonyme du syndrome de sevrage ou pour désigner les effets ressentis par l’usager. Ce terme, faisant surtout référence au sevrage de l’héroïne, est actuellement moins utilisé car il ne correspond pas aux effets du sevrage d’autres types de substance, comme la cocaïne.
Voir aussi addict et addictif.