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Le cannabis est une plante possédant des effets euphorisants, désinhibants et relaxants. Comme d’autres produits psychoactifs, sa consommation peut s’accompagner de troubles psychiatriques (troubles anxieux et dépressifs, troubles psychotiques).
Le cannabis est une plante aux usages divers dont certaines variétés ont des effets neuropharmacologiques qui sont essentiellement dus à un des quelque 100 cannabinoïdes présents dans la plante, le delta-9-tetrahydrocannabinol (THC). Il est classé au niveau international comme stupéfiant.
En France, il se consomme sous trois formes principales. L'herbe (feuilles, tiges et sommités fleuries séchées) et la résine (le haschisch) sont les plus courantes, alors que l'huile (et d’autres produits extraits concentrés en THC inspirés des marchés légaux nord-américains) sont beaucoup moins fréquemment observés. L'herbe et le haschisch se fument, généralement, sous forme de « joint » (i.e. avec du tabac, sous la forme d'une cigarette roulée).
D’autres modes de consommation sont observés plus à la marge : le cannabis peut être fumé, dans une chicha et autres pipes à eau plus ou moins artisanales, vapoté, ou encore vaporisé (à l’aide d’un vaporisateur, portable ou fixe) pour éviter les effets nocifs de la combustion. Plus marginalement, le cannabis peut aussi être ingéré, incorporé dans des préparations alimentaires (gâteaux space-cakes) ou bu (infusions), ou utilisé sous forme de baumes, d’huiles essentielles ou de cosmétiques.
Le marché français du cannabis est un des plus importants en Europe, en termes de consommation (5 millions d’usagers dans l’année en France, sur 22 millions dans l’Union européenne) comme de chiffre d’affaires (1,2 milliard d’euros en 2017).
En 2022, les saisies d’herbe de cannabis ont atteint un des niveaux les plus élevés jamais enregistrés, avec 41 tonnes (après le record de l’année 2020 : 46,3 tonnes). L’herbe représente désormais près d’un tiers des saisies totales de cannabis (32 % en 2022 contre 6 % en 2012). L’importance grandissante du marché de l’herbe en France se manifeste aussi par l’ampleur croissante de la culture de cannabis, notamment dans les territoires d’outre-mer. En 2022, 56 % des plants de cannabis saisis l’ont été dans les Outre-mer et notamment en Polynésie française. Il est à noter toutefois que le nombre de plants saisis, soit 76 807, est le plus faible depuis 2010. En 2021, 101 771 plants avaient été saisis sur le territoire français.
Le marché de la résine de cannabis reste cependant dynamique. En 2022, 87,6 tonnes de résine ont été saisies en France contre 72,4 tonnes en 2021 et 50,3 tonnes en 2020 (année marquée par les effets liés notamment à la fermeture des frontières entre le Maroc et l’Union européenne, consécutive à l’épidémie de la COVID-19). Le cumul des saisies de résine et d’herbe avec 128,6 tonnes marque le plus haut niveau jamais enregistré en France.
À l’adolescence (à 17 ans), la majorité des usagers de cannabis (67,1 %) disent obtenir leur cannabis gratuitement, par le biais de dons ou de consommations partagées. Ensuite, le réseau d’amis ou de proches (56,9 %) constitue la deuxième source d’achat, suivi par le recours à un revendeur (communément appelé dealer), qu’il soit un intermédiaire habituel (44,8 %) ou inconnu (30,5 %). L’autoculture de cannabis est déclarée par 7,2 % des usagers actuels et l’achat sur Internet demeure marginal (2,2 %).
En 2017, 7,0 % des adultes qui déclaraient consommer du cannabis dans le mois (soit 6,4 % des 18-64 ans) ont déclaré pratiquer l’autoculture, avec ou sans achat complémentaire.
Observée depuis 2010, d’abord à Paris puis dans l’ensemble des métropoles régionales, la livraison de drogues à domicile a connu un fort développement à l’occasion des confinements instaurés lors de la crise sanitaire du Covid-19. En 2022, le phénomène continue de s’étendre, les revendeurs effectuant des trajets de plusieurs dizaines de kilomètres pour fournir des clients au sein de villes moyennes, voire de petites villes. Ce mode d’approvisionnement permet la possibilité de livraison d’importantes quantités (plusieurs centaines de grammes) tout en limitant les risques d’infiltration policière.
Le prix au détail courant du gramme d’herbe de cannabis s’établit, d’après l’Office anti-stupéfiants (données OFAST) du ministère de l’Intérieur, à environ 10 euros. Entre 2010 et 2020, le prix du gramme d’herbe a augmenté de plus de 30 % en euros constants (passant de 7,60 à 10 euros).
Le prix courant au détail de la résine de cannabis est stable autour de 8 euros le gramme. Cependant depuis 2010, il a augmenté de 60 % en euros constants (passant de 5 à 8 euros).
La teneur moyenne en THC de la résine de cannabis a plus que doublé en dix ans, passant de 12,3 % en 2011 à 30 % en 2022, tandis que, dans la même période, celle de l’herbe a progressé de 34,6 % (de 10,4 % en 2011 à 14,0 % en 2022).
Les variétés et les formes de cannabis disponibles se diversifient. Certaines, plus concentrées en principe actif que les substances habituellement proposées (variétés rares d’herbe, résines obtenues par des modes d’extraction particuliers, par exemple avec des solvants chimiques), sont vendues plus cher (de 15 € à 30 € le gramme).
Le cannabis est la première substance illicite consommée par les adolescents. En 2022, 5,3 % des collégiens de 4e et de 3e déclare avoir déjà consommé du cannabis. Cette proportion double entre ces deux niveaux, passant de 3,5 % à 7,0 %. Les garçons sont plus souvent expérimentateurs que les filles.
En 2022, la diffusion du cannabis amorcée au collège s’accélère au lycée (22,5 % d’expérimentateurs), en recul par rapport au niveau de 2018 (33,1 %). L’expérimentation de ce produit concerne 16,2 % des élèves de classe de seconde pour doubler en classe de terminale (31,2 %). Au lycée, l’usage au cours de la vie est plus répandu chez les garçons (24,0 %) que chez les filles (21,1 %), tout comme l’usage au cours du derniers mois (12,0 % vs 9,2 %).
En 2022, trois adolescents de 17 ans sur dix ont déjà fumé du cannabis au cours de leur vie (29,9 %). Cette prévalence est la plus basse jamais enregistrée depuis 2000 dans l’Enquête sur la santé et les consommations lors de l’appel de préparation à la défense (ESCAPAD) : elle est inférieure de 9 points à celle de 2017 et de 20 points par rapport à 2002, lorsque la moitié des adolescents se disaient expérimentateurs. Les consommations sont d’autant plus masculines que leur fréquence est élevée, notamment les niveaux d’usages réguliers qui varient du simple au double entre filles et garçons (2,2 % vs 5,3 %). Ce recul généralisé des usages de cannabis entre 2017 et 2022 s’observe chez les garçons comme chez les filles.
À l’échelle régionale, les niveaux d’usage de cannabis présentent à 17 ans des variations sensibles entre les régions : les jeunes des régions de la façade atlantique et du pourtour méditerranéen consomment davantage et ceux des régions du Nord-Est consomment moins. Ainsi, de l’expérimentation à l’usage récent, les prévalences d’usage sont les plus basses dans les Hauts-de-France et les plus hautes en Provence-Alpes-Côte d’Azur, l’expérimentation y variant de 23,2 % à 37,4 % des jeunes de 17 ans. L’usage au cours des douze derniers mois présente une amplitude qui va de 18,7 % à 29,3 % et l’usage au cours des trente derniers jours de 10,1 % à 18,3 %. Les usages réguliers et quotidiens sont les plus fréquents en Nouvelle-Aquitaine (respectivement 5,6 % et 2,7 %) et les moins fréquents en Normandie (respectivement 2,0 % et 0,8 %).
Les enquêtes internationales Health Behaviour in School-aged Children (HBSC), et European School Survey Project on Alcohol and other Drugs (ESPAD) permettent de situer la France par rapport à la plupart des autres pays européens pour les jeunes âgés de 11, 13, 15 et 16 ans. Parmi ces derniers, le tabagisme quotidien a été, notamment, divisé par deux en 20 ans, passant de 31 % en 1999 à 12 % en 2019. Cette diminution constante de la consommation de cigarettes s’inscrit dans une tendance majoritaire en Europe. Cette baisse du tabagisme constitue l’évolution la plus remarquable parmi l’ensemble des usages de substances psychoactives observés depuis un quart de siècle chez les adolescents.
Le cannabis est de loin la substance illicite la plus consommée en France. En 2021, 47,3 % des adultes âgés de 18 à 64 ans déclarent avoir déjà consommé du cannabis au cours de leur vie. L’usage actuel (usage dans l’année), en revanche, demeure stable, et concerne 10,6 % des 18-64 ans (14,2 % des hommes et 7,2 % des femmes). Avec des premiers usages qui se déroulent principalement entre 18 et 25 ans et une proportion d’expérimentateurs de cannabis qui culmine entre 26 et 34 ans quel que soit le sexe, l’usage de cannabis demeure avant tout un phénomène générationnel. La consommation actuelle concerne encore les plus jeunes (23,5 % des 18-24 ans). Si elle diminue ensuite avec l’âge, le profil des consommateurs se diversifie, intégrant désormais davantage de quadragénaires.
La consommation de cannabis en 2021 parmi les habitants de l’Union Européenne âgés de 15 à 34 ans est estimée à 15,4 %, allant de 3,4 % en Hongrie à 21,8 % en France. Parmi les plus jeunes (personnes âgées de 15 à 24 ans), la prévalence de l’usage de cannabis en Europe se révèle plus élevée avec 19,2 % d’usagers au cours de l’année écoulée et 10,3 % au cours du mois écoulé.
Les effets neuropsychiques du cannabis fumé apparaissent environ 15 à 20 minutes après son inhalation chez un consommateur occasionnel, un peu plus tard chez un usager régulier. Une prise de cannabis entraîne en général une euphorie modérée et un sentiment de bien-être, suivi d’une somnolence, mais aussi un affaiblissement de la mémoire à court terme et des troubles de l’attention. En fonction de la dose absorbée et de la tolérance du consommateur, la prise de cannabis peut entraîner une augmentation du temps de réaction, une difficulté à effectuer des tâches complètes et des troubles de la coordination motrice susceptibles d’augmenter les risques associés à la conduite. La prise de cannabis potentialise en outre les effets de l’alcool.
À moyen terme, la consommation de cannabis est susceptible de diminuer les capacités de mémorisation et d’apprentissage. Une consommation régulière ou intensive peut conduire à un désintérêt pour les activités habituelles, à une fatigue physique et intellectuelle, à des difficultés de concentration et de mémorisation et à une humeur dépressive. L’usage régulier de cannabis peut, par ailleurs, aggraver certains troubles psychiatriques. Enfin, l’usage problématique et la dépendance au cannabis sont aujourd’hui bien documentés et les risques sont d’autant plus élevés que la consommation est précoce.
Afin de mieux cerner et de mesurer ces usages problématiques en particulier à l’adolescence, l’OFDT a développé un outil de repérage : le Cannabis Abuse Screening Test (CAST) à partir des principaux critères de détermination de l’abus et de l’usage nocif issus des diagnostics du DSM-IV (Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders, 4e édition) et de la CIM-10 (Classification Internationale des Maladies - 10e version). En 2022, au regard du CAST, 4,8 % des adolescents âgés de 17 ans seraient susceptibles de présenter un risque élevé d'usage problématique de cannabis.
Des études montrent l’impact de la consommation de cannabis sur la santé dans plusieurs domaines : les accidents de la route, certains cancers, certaines pathologies de l’appareil circulatoire et respiratoire, et certaines pathologies mentales. Les effets peuvent être liés soit au principe actif du cannabis (delta-9-THC) soit aux substances résultant de sa combustion (goudrons). En termes de prise en charge, les consommateurs de cannabis représentent 17 % des recours en CSAPA, soit une file active de près de 27 000 patients en 2021.
En 2018, près d’un Français sur deux (48 % vs 54 % en 2013) considère le cannabis comme dangereux dès le premier usage. Cette proportion s’avère nettement plus basse parmi les personnes ayant expérimenté du cannabis (33 % vs 57 % parmi ceux qui déclarent en avoir déjà pris).
En 2018, une majorité de la population continue d’être opposée à la vente libre de cannabis (62 %), même si les avis sur le statut légal du cannabis se différencient. Dix ans auparavant, en 2008, la proportion d’opinions négatives à l’égard de la légalisation du cannabis à usage non-médical était nettement plus forte (85 %). À l’inverse, une large majorité estime que l’on pourrait autoriser l’usage de cannabis sous certaines conditions : ainsi, 91 % des répondants sont en accord avec le principe d’une prescription de cannabis dans le cadre de certaines maladies.
Interrogés sur les réponses pénales relatives à l’usage et la détention de cannabis, les Français adhèrent davantage (82 %) à celles qui orientent vers les soins (obligations de soins) ou qui se limitent à un rappel à la loi. Une majorité approuve le dispositif des stages de sensibilisation aux dangers de l’usage des produits stupéfiants (54 %, contre 68 % en 2013), prévus pour les usagers occasionnels de stupéfiants non dépendants dans le but de les dissuader de récidiver. La possibilité prévue par la loi d’une amende financière continue de diviser l’opinion en deux parts égales (50 %), alors que l’adhésion l’idée de peines de prison perd du terrain (23 % vs 36 %).
Le cannabis est un produit classé stupéfiant et son usage est interdit, conformément à la loi du 31 décembre 1970, dont les dispositions ont été intégrées dans le Code pénal et le Code de la santé publique. En acheter, en consommer, en détenir, en donner, en revendre, en cultiver (chez soi ou à l'extérieur), en transporter ou conduire après en avoir consommé sont autant d'infractions à la loi, passibles de sanctions lourdes devant les tribunaux, quelle que soit la quantité de cannabis incriminée. Les peines sont doublées quand le cannabis est vendu ou donné à des mineurs. Le trafic de stupéfiants fait l'objet d'une pénalisation sévère qui s'est durcie depuis la fin des années 1980 : les peines encourues peuvent aller jusqu'à la réclusion criminelle à perpétuité et une amende de 7,5 millions d'euros.
Depuis la loi du 3 février 2003, toute personne ayant conduit après usage de substances classées comme stupéfiants est passible d'une peine de deux ans d'emprisonnement et de 4 500 € d'amende. Si la personne se trouvait également sous l'emprise de l'alcool (plus de 0,5 g par litre dans le sang), les peines sont portées à trois ans d'emprisonnement et à 9 000 € d'amende. Des contrôles avec un dépistage d'usage de stupéfiants peuvent être réalisés par les services de police ou de gendarmerie.
Depuis 2019, en vertu de l’article L.3421-1 du code de la santé publique, l’usage illicite de stupéfiants peut donner lieu à une amende forfaitaire délictuelle (articles 495-17 à 495-25 du code de procédure pénale). Une personne majeure interpellée en situation d’usage d’un stupéfiant ou en possession de petites quantités, peut recevoir une amende forfaitaire de 200 € délivrée immédiatement par les policiers ou gendarmes.
Face à un contentieux d’usage de stupéfiants en hausse depuis les années 2000, les réponses pénales ont été systématisées et elles se sont diversifiées. Le traitement pénal réservé aux consommateurs de stupéfiants faisant l’objet d’une interpellation s’avère de plus en plus rapide et de plus en plus centré sur des sanctions financières au détriment des mesures à caractère sanitaire. La généralisation de l’amende forfaitaire délictuelle depuis septembre 2020 a renforcé la tendance à recentrer les sanctions sur une dimension financière.
Enfin, en mars 2021, la France a lancé une expérimentation relative à l’usage médical de cannabis. L’essai clinique inclut cinq indications thérapeutiques : les douleurs neuropathiques réfractaires aux traitements accessibles, certaines formes d’épilepsie sévères et résistantes aux médicaments, certains symptômes rebelles en oncologie, certaines situations palliatives et la spasticité douloureuse accompagnant certaines maladies du système nerveux central. Cette expérimentation fera l’objet d’une évaluation avant une possible généralisation.