Fil d'Ariane
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- 25 ans de l’OFDT : usagers en grande précarité
Clément Gérome, coordinateur national du dispositif TREND de l'OFDT, présente l'évolution des consommations des usagers en situation de grande précarité depuis 25 ans, les principales avancées en matière de traitement et de prise en charge et les défis pour demain.
Jusqu'aux années 1990, ses consommations sont centrées sur l'injection d'héroïne. Depuis les années 2000, on observe une diversification de ces consommations. À côté de l'alcool qui est massivement consommé, on observe des usages hors protocoles thérapeutiques de médicaments : principalement des traitements de substitution et des benzodiazépines. Fait notable ces dernières années, c'est le développement des usages de cocaïne parmi ces populations : usage en l'injection ou par inhalation et l'on parlera de cocaïne basé ou de crack. Ce qu'il faut comprendre c'est que ces usages s'insèrent dans des stratégies d'automédication, de survie. Ils aident à supporter les conséquences de la vie "à la rue" mais en même temps ils rendent plus délicates les possibilités d'insertion professionnelle et d'accès au logement.
La mise à disposition de matériel stérile a permis de faire chuter drastiquement le nombre de contaminations, qu'il s'agisse du sida ou de l'hépatite. Le développement des médicaments de substitution a permis à beaucoup d'usagers de renouer avec une vie qui n'est plus centrée sur la recherche du produit et d'entamer un processus d'insertion sociale. Le développement des CAARUD a permis aussi à beaucoup d'usagers de disposer de soins, de prestations de première nécessité et d'accéder plus facilement à du matériel de réduction des risques. L'expérimentation de deux salles de consommation à moindre risque a également permis à des usagers de consommer dans un cadre sécurisé en présence de personnel médical.
En effet, cette situation de crise sanitaire, particulièrement pendant le premier confinement, est venue accroître les difficultés rencontrées par ses usagers en grande précarité. Beaucoup ont peiné à accéder à des soins, à de la nourriture, à des prestations d'hygiène et on a observé une majoration de leur souffrance psychique. Et puis cette crise a montré avec encore plus d'acuité la nécessité de disposer de salles de consommation à moindre risque. Paradoxalement, cette crise sanitaire a permis quelques avancées qu'il serait bon de poursuivre comme l'assouplissement de la délivrance des traitements de substitution ou la hausse des possibilités d'hébergement.